modèle..








 

Modèle, femme/corps, nue de deux heures, elle pose pour un peu d’argent. Déshabillée au regard. Représentations conformes de femmes ? Icônes pour des yeux inconnus, hors du studio. Je suis un passeur d’instants de corps. Mes yeux scrutent, je demande une pose, difficile à tenir pour elle, rester en déséquilibre, fatiguée, je dois faire vite. La tension est juste. je regarde et suggère une autre pose, encore la fatigue du corps. Mise en scène d' un désir? Modèle et non singulière. Corps multiple classifié, à voir sur image dans la solitude, en silence loin des autres, Là dans le studio elle, avec son prénom, qui parfois est un nom de guerre, ça reste entre nous.

Gestes de composites, corps froids ? artifices pour inscrire la sensualité sur papier Gloss. Très professionnelle, pose. La lumière artificielle caresse le corps. On dit nus académiques. Le photographe ne doit pas toucher son corps, je rectifie une pose et
j' effleure la peau. Une épaule se raidit, plus tard accepte, confiante.

Elle se laisse aller au regard, un instant. Cambrure de son corps, photo, sensation d’érotisme, instant volé. Au fil des séances, complicité entre nous, installée. Pudeur aussi, pas de fausse pudeur. Complicité ? Belle à cet instant.

Ensuite : elle imaginaire, cliché sensuel ? image pour solitude, femme ré-inventée sur papier. Pas d’actes justement, yeux solitaires. Corps loin, une femme inaccessible?

Fin de séance. On regarde les images précédentes, elle raconte un peu son voyage en Amérique du sud, on parle des peintures murales Mexicaines, des enfants sages de son atelier au Pérou, des autres photographes, aussi des Collections d’images de femmes. Tout se mélange autour du thé au caramel, rien n' est simple. Autorisation de montrer les images. Qui regarde ? et quoi ? Nous n' en savons rien...


Jacques Bonnot 29 Mai 2004 [Notes provisoires]