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A cause de la remise des palmes.
Demain lundi, fermeture exeptionnelle.

Michael Moore a gagné la palme d’or, sidérant ! Ainsi ce festival des milliards paillettes donne le grand prix à un homme qui fait des tracts filmés. Au risque de mécontenter les majors Hollywoodiennes qui pourraient bouder ce festival les années suivantes. On s’interroge sur le sens du message porté par un jury international, que l’on ne soupçonnera pas de partialité Française vis à vis d’une Amérique arrogante et guerrière.

Le cinéma fait son argent, mais le cinéma est aussi contestataire. On a trop souvent tendance à voir les parties de ce monde comme étant monolithiques. Là on voit bien que des contradictions peuvent affleurer de l’intérieur même de la bête. Michael Moore est-il un révolutionnaire ? Lorsque, sur la croisette, il vient porter son soutien aux grévistes du Carlton et aux intermittents a-t-il pour autant renoncé à ce qu’il est ? Américain et cinéaste. D’aucuns vont penser que son comportement n’est pas pur.

Et si simplement, cette palme d’or disait la chose suivante : Monsieur Bush vous êtes bien trop voyant, laissez nous faire notre vie tranquillement. Partez ! Michael Moore ne dit pas autre chose, lorsqu’il dit qu’il défend les vraies valeurs Américaines, cela n’enlève rien à sa sincérité.

Cette palme sera en un sens une véritable contribution aux prochaines élections Américaines. Le monstre libéral se mord la queue. Ce pays colonial se voit contesté par ses pairs, et de l’extérieur.

On s’interrogera aussi sur l’écart qu’il y a entre la réalité mondiale de la culture et les 140 000 intermittents français. Le système français et son «exception culturelle» aux antipodes d’un marché «libre» mondial pourrait-il devenir un modèle applicable à ce monde déjà dominé par Hollywood. 70 % de ce que nous voyons sur nos écrans vient de là bas. L’Europe n’achète pas les films de l’Europe. Nos frontières sont poreuses à une culture industrielle alors que l’Amérique, elle, réduit dès la diffusion les films émanant des autres parties du Monde, cela ne s’appelle-t-il pas protectionnisme ?

Sans une politique plus agressive de production et de diffusion à l’intérieur d’un marché européen non négligeable, comment espérer soutenir l’emploi de la culture ? A Cannes, il semblerait que la réunion des ministres de la culture de l’Europe n’ait pas accouché d’un projet à ce sujet. Il y était plutôt question de cette discussion d’arrière garde sur la Lutte contre la piraterie dans les industries culturelles, débat commandité par les majors internationales. Alors même que la France est en train de céder aux sirènes libérales sur cette question en s’approchant de plus près du copyright dont le fond n’est plus de protéger le créateur et son œuvre mais de privilégier l’objet marchandise. Aussi de créer des frontières locales ubuesques sur Internet bien qu’ils soient tenant de la mondialisation..

Est-ce que l’on aurait pas tout à gagner d’une Europe à l’économie culturelle forte et diversifiée, cela ne représente-il pas un marché face à un «empire» ne nous proposant que des idées standardisées et pauvres ? et dont l’aboutissement ne sera qu’une réduction de ce monde, de son imaginaire et de ses utopies.

On le voit il est temps de prendre nos affaires en mains, ils sont devenus fous, ils n’ont plus de véritables stratégies, ils cèdent au jour le jour aux pressions du commerce, ils naviguent à vue.

Dans les contes de fées du nouveau monde ça commence toujours par un génie, dans un garage. Vous avez des garages ?


Le 23 Mai 2004, Jacques Bonnot



 
 

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