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Le cri du mégaphone. Savez
vous ce qu’il se passe sur la croisette ? Je n’étais pas à Cannes aujourd’hui, j’ai donc téléphoné, lu mes mails, lu les dépêches des agences de presse, lu les journaux, bu des cafés. Je ne parlerai pas de ceux « qui sentent bon la sueur du lutteur, la souffrance de l'opprimé ... » J’ai cité encore, quand c’est cité il y a des guillemets. Je vous dirais un jour si cette citation fait partie d’un plus long message insultant, ou pas… Le mégaphone mondial n’aurait il plus de piles ? tiens donc ! nous devrions être sur place pour savoir ? c’est toujours mieux de voir avec ses yeux, que d’entendre avec ceux des autres. Il y a déjà difficulté pour entendre avec les yeux soi même, alors avec ceux des autres… Ha ! les journalistes justement, comment dire… bon t’a une caméra, un stylo avec un carnet plein de feuilles blanches, ou une camera stylo et bien sûr un rédac en chef qui lui même travaille pour un truc qui est vendu au public. Je ne vais pas revenir sur le syndrome malin de la censure, ni même encore sur la liberté de la presse. Sinon je rabâche. Ce qui est écrit et ce qu'on lit est vrai. Les faits: des intermittents spoliés de leurs indemnités qu’on aurait fini par comprendre, à qui on donne 20 millions d’Euros et puis voilà. Ils sont sauvés. Et Cannes, alors ils sont encore là, pas contents? il vont faire vaciller le grand écran mondial. Quoi ? Quelques belles images à faire pour le vingt heures, ça mange pas de pain. Une journée d’attente pour un communiqué syndical « sinistre » (j’ai mis les guillemets, donc je cite) et les actions alors ! pas d’actions ? même pas une petite ? Comme
tout le monde sait qu'ils ont gagné 20 millions d’euros,
quand même une petite action ça ferait plaisir aux téléacheteurs.
Le soir même et les autres jours des vraies actions pour de bon
et là plus rien ou presque à la télé, un
peu dans les journaux. Chroniques haineuses, les intermittents ne sont plus gentils et c’est eux qui spolient les cotisations des travailleurs, « ils n’ont même pas de talent, font des spectacles sans public » (ça c’est dans un journal pas sympa) et « Ensuite une fille annone un communiqué sans lever les yeux du tout …. Les yeux, mademoiselle, on parle avec les yeux, première règle du premier jour, du premier cours de théâtre, le cours préparatoire. » (ça c’est le mail d’un copain pas sympa). Rien des débats, c’est vrai pas faciles. Rien des revendications, les revendications à la télé c’est pas drôle. Les revendications pour les artistes c’est vulgaire, parce que l’artiste il travaille pour l’art, même pas il travaille. On en parle beaucoup, mais on en sait rien. Pendant ce temps les milliards sur pattes montent les marches. L’artiste fait ce qu’il peut, mais il devra trouver un autre mégaphone mondial … Le
15 Mai 2004, Jacques Bonnot |
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