<

Nos occupations de Star.

Cannes samedi 15 Mai, pique nique. De part et d’autre de la plage Macé, au soleil territoires pour les corps dénudés, entre, au centre, debout les intermittents, les caméras filment, les magnétos à l’épaule des journalistes avec leur micro enregistrent. Les artistes n’ont pas leur nez maquillé et disent des choses sur l’abrogation du protocole. Au dessus sur la croisette les touristes numérisent l’instant, pour l’album .
Les artistes ne mangent pas. Sur la plage planté
" vivant debout " un écriteau dans le sable.

Avant vers 10h00, Marseille, départ du bus, bourse du travail. Liste des absents, liste des présents, Combien ? 37. Trois jours plus tôt, l’appel lancé, préavis de grève, pas d’appel à la grève ? Combien de manifestants tout à l’heure ?

Le matin, vers sept heures,à la radio,Jean Voirin lance une sorte d’ultimatum, et le ministre dit que le problème des femmes enceintes est réglé dès demain, trois semaines encore pour le reste, quel reste ? Le syndicaliste radicalise son discours. A la plage on phantasme la suite. Le ministre gagne du temps.

Maintenant la manifestation, combien ? quelques centaines ou un demi millier ? plus tard on dit deux mille ou 1000, c’est selon les manifestants. Quelques dépêches se risquent à quelques dizaines. La police dit quoi ?

Le festival ne dit rien, le festival est toujours content. Le ministre est dans son palace. On ne sait pas s’il est content, il ne dit rien.

Michael Moore vient parler au mégaphone « Je suis ici par solidarité avec les travailleurs français qui réclament un salaire décent » en anglais José traduit, il apporte aussi son soutien. Tous les deux aux grévistes du Carlton, aussi. La manifestation part. Ici, combien de stars signataires?

La manif arrive, tout près des marches, police, cul de sac, négociations. Aux balcons des palaces, serré dans la main le champagne, sourires protégés. Sur la croisette touristes et photos. Sourire des manifestants sur la croisette, pas pour les photos, pour soi. L’embouteillage, le palais est un peu bloqué.

Micro du syndicaliste, dispersion, la police ouvre une rue adjacente pour l’évacuation, après négociation : c’est comme si on avait gagné. Au micro annonce de l’occupation du Star. Les bus vont rentrer chez eux. Les occupants de ces derniers onze mois restent seuls en scène.

Au Star, là, discutions vives avec les accrédités, négociation calme avec un producteur Anglais, une seule projection pour lui. Il doit pouvoir s’expliquer avec les occupants. Six hommes arrivent, chemises hawaïennes colorées à manches courtes et des coups, avec les poings. Repoussés, on dit échange de coups ; est-ce un échange que de recevoir des coups et de s’en protéger? Violence encore et policiers en tenue venu rétablir l’ordre et protéger les leurs . Nous ne savions pas qu’ils étaient policiers, nous pensions à des voyous. Brutalité encore avec une troisième vague de robots Bleus très violents. Aucun humain de ce côté. Des coups froids, des blessures profondes, du sang sur le visage.

A l’intérieur, tout à l’heure moins d’une centaine d’occupants souriants et paisibles. Trois blessés, un à l’hôpital. Des agresseurs blessés ? huit policiers selon le préfet. Onze arrestations, des plaintes pour rébellion. Au commissariat les gardés à vue, un journaliste agressé par deux policiers. Le préfet présente ses excuses. La télévision porte plainte, une caméra cassée.

Les marches remontent, brève interruption, le festival est silencieux, le festival est-il content ? Le ministre ne dit rien.

L’artiste fait ce qu’il peut, mais pour combien de temps ?

Le 16 Mai 2004, Jacques Bonnot

>
 

retour haut de page | retour accueil