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Un match de foot comme les autres


Aujourd’hui je n’ai pas téléphoné aux Mutilés, Dans la presse les nouvelles de Cannes ne sont que celles du cinéma. Sur les intermittents rien sur Reuter, rien sur l’AFP. Pas de mails de la coordination. Journée tranquille, je suis allé voir « notre musique ». Il faut toujours beaucoup de temps pour digérer Godard.

Ce jour l’UNEDIC à envoyé une circulaire sur les congés maternité, voici donc une promesse du ministre entérinée ? à lire…

Marseille c’est la coupe d’Europe, ici à part l’olympique de Marseille rien d’autre n’existe. Installation d’écrans géants sur le vieux port, direct ce soir, montage des tours de son par des intermittents , très haut, sans sécurité individuelle.

Comme j’écris vers 24h 41, il n’est pas mystère que Marseille ai perdu, je n’ai pas suivi le match, mais je suis descendu dans la rue, comme ça pour sentir l’atmosphère. Rencontre avec P qui est en train de s’éloigner de la Canebière, nous partons chercher un café. Petit troquet, l’écran allumé, consos au bar. Troquet dissident, deux tables jouent aux cartes le dos tourné, le billard fonctionne, au bar le taulier avec deux clients, tous trois rigolent autour d’une petite monstruosité mécanique qui agite son sexe sous son pantalon.

La serveuse est espagnole, si les marseillais perdent ça la console.

Dialogue avec un serveur sur le foot, comme je parle des joueurs trop riches pour éprouver encore du désir ou de la combativité, il me répond que j’ai vraiment compris le foot. Sans rire.

On reprend la conversation avec P, essai d’analyses persos, au comptoir, sur les promesses du ministre. Pas facile, c’est vraiment complexe. Zoé dit « la stratégie du menuet » en parlant de la méthode du ministre (c’est joli, c’est juste, c’est dans l’huma du matin). Je prend congé, j’ai rendez vous avec l’émeute after match.

C’est comme un rite, ça commence avec les bouteilles de bière jetées sur les pompiers qui viennent soigner les premiers blessés. Pluie de verre. Les robots bleu nuit avancent, des minots sont conduits vers l’arrière par les oreilles, premières lacrymos, on pleure, ça pique les yeux. On recule. Là on est derrière les rangs de la police, côté lambda. C’est plus sûr, côté assaillants ça craint vraiment.

Les robots se mettent en formation tortue, les secours se protègent, les assaillants reculent, bientôt la canebière est remplie de tessons et de poubelles. Un peu plus tard des minots genre 8 à 10 ans vont mettre le feu aux poubelles. Arrestations.

Je ne suis pas les robots qui vont plus haut au contact des assaillants . Des renforts de robots arrivent. Le quartier est quadrillé. L’odeur de lacrymo est remplacée par les merguez, le commerce n’arrête pas.

Je lis les dépêches et mes mails, silence côté Cannes, les palmes c’est pour samedi. Au proche orient les palestiniens subissent l’attaque la plus violente de ce conflit, on dénombre 45 morts depuis mardi, des milliers de sans abris et de blessés. Les Nations unies ont voté une résolution, l’Amérique horrifiée s’est abstenue. Quoi d’autre ?

Je suis artiste, je fais ce que je peux et je suis vraiment en colère.

Le 20 Mai 2004, Jacques Bonnot

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