chroniques ordinaires | ||||
< | ![]() Fait
maison* La troisième partie du film de Godard dit cela avec un peu d'ironie, la [démocratie] est un paradis en liberté surveillée, mais ce n’est pas prémonitoire, chez nous c’est le même mauvais film, avec acteurs obligés en chair et os , qui se reproduit en grandeur nature. La chronique précédente je promettais de parler du poisson carré, c’est mon truc, ça vient, faudra assurer sur la question car c’est en passe de devenir ce qu’on appelle un « marronnier » dans la presse. Bon, même si je n’en parle pas cette fois, croyez moi ce qui va suivre est du même drame ! Même les procès contre les juges et les experts polluent encore beaucoup nos journaux, que la coupe d’Europe ou un truc similaire va tenir le haut du pavé ce dimanche, que les couteaux de cuisine de ces jours mettent nos gouvernants et journalistes dans une confusion risible et dramatique , pensez donc ! on agresse un jeune sortant de son école, les journalistes tirent la sonnette d’alarme, les amis du jeune crient à l’attentat anti jeune et les ministres vont au chevet du blessé car c’est toute la France qui est blessée quand un jeune est agressé. Ca dure deux trois jours et on oublie que dans le même temps le méchant avait aussi perforé un monsieur de trente ans, un autre de quarante, un mari de ménagère de 50 ans ; je n’ai pas fait le compte exact, là n’est pas la question , ce qui reste c’est que ce n’était pas un attentat anti jeune. Une semaine après aucune première page de journaux pour rectifier et dire « un homme agresse d’autres hommes avec ses outils » l’insécurité n’est plus ce qu’elle était… Dans nos statistiques inconscientes, il restera qu’un jeune fut agressé par un homme, on demandera que les frontières soient fermées aux hommes pour les prochaines éléctions. Tout ça pour dire que le poisson carré c’est pas pour maintenant, car je pensai bien naïvement que les élections Européennes allaient nous passionner, et bien non ! ce qui fait "une" c’est que les élections ne nous passionnent pas, nous les lambdas. Si on ne sait pas qu’elles ne nous passionnent pas c’est que l’on est passionné par rien. Par rien d’autre que ces pauvres mises en scène d’obsèques, par rien que des couteaux et tournevis ensanglantés, Par nos désillusions sur notre pays devenu république bananière où notre vote n’a plus d’importance que de conforter les images de la télé, images irréelles et violentes nous laissant spectateurs plein de compassion, mais de drames tout justes faits pour nous rassurer de la bonne température de notre logis et de la qualité « label rouge » de nos surgelés. Au moins
chez nous on a ça, on est bien chez nous. Ce matin j’ai reçu les professions de foi des candidats, on vote demain donc c’était pas pressé, comme dit mon voisin « tous pareils, tous pourris » hey ? Pareils à quoi ? on les compare entre eux, mais comment ? sur les actes ou sur le programme ? Ce qui est sûr c’est que le débat ne va pas nous éclairer, je disais plus haut c’est de l’abstentionnisme que les médias nous ont parlé, pas de programmes. Comme pour nous culpabiliser de notre passion de la pêche à la ligne, on aurait pas le droit ? La fameuse constitution sera vue ensuite, peut être on ira au référendum voter un truc pas fini, libéral en diable. Un militant me disait sans rire que c’est important de la voter, que même si le texte n’est pas parfait on reverrait ensuite. Bien, c’est devenu une habitude de revoir –ensuite- les lois bâclées et votées à la précipitation. C’est bien connu on revoit les lois chaque année. Vous savez quoi ? et bien pour cette fois la première chaîne diffusera le match de foot, pas de soirée élection, bon vous allez me dire c’est pas passionnant une soirée élection, c’est vrai. Mais tout de même ! J'irai encore voter cette fois, je ne sais encore qui entre les deux bulletins ayant échappé à la poubelle. Jacques
Bonnot, 12 Juin 2004. *
toute ressemblance avec des personnages existants ou de fiction serait
purement fortuite.
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