chroniques ordinaires | ||||
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Ne
restez pas anonyme !
Visite, avant le resto kebab, de l’expo chez Roger Pailhas, il ne reste presque plus rien d’Art dealers. Mais j’y suis pour voir les pièces de Ingrid Mourreau. Il reste encore ça. La maquette clinique au vrai sens du terme, les grands dessins et la bande dessinée des aventures SVM. Une femme, la parole et le silence. Je ne dis que ça : allez y pendant qu’il est encore temps, c’est vraiment bien [*]. Désolé pour les deux autres artistes, je n’ai pas regardé, ce n’est pas par manque d’intérêt, simplement j’étais over booké ce jour. Une autre fois. Ingrid
M. laissez moi votre mail, pour que je vous en dise +, SVP. Le Darfour ? c’est où ? c’est une région montagneuse de l’ouest du Soudan, près du Tchad. Une guerre civile, une de plus. Je ne vais pas rentrer dans les détails, car c’est encore une histoire complexe, d’autant plus que nos médias ne sont pas trop prolixes sur la question. Mais comme ça deux trois chiffres :
Je n’ai fait que citer un article de Jeune Afrique, que vous pourrez lire sur le Web, lien ci-dessous. Ça va vous faire penser que je passe du coq à l’âne, mais après le problème du haut, voici une question : Savez vous pourquoi les ambulances ont une sirène si puissante ? là je réponds au hasard à ma question : par ce que ça nous assourdit, et que les sourds n’entendent pas les cris de souffrance du blessé, c’est comme ça les sirènes sont là aussi pour nous donner une impression de quiétude, on s’occupe bien de nous… Souvent j’essaie de mettre un visage sur ces gens massacrés, mais ce n’est que du sang numérique, que des cris de douleurs télévisuelles. Dans dix ans on nous dira : nous vous l’avions dit, mais personne ne s’en est inquiété, c’était un génocide. Évidement 11 petites lignes de trois mots chacune sur les massacres du Darfour, ça me touche ; mais je ne sais qui est derrière cette souffrance, même les images violentes sur l’atteinte aux civils dans tous les conflits, ces images qui s’invitent entre le pastaga, le fromage et la pub, même ces images laissent souvent perplexe, (vaguement) remué mais sans voix, une révolte presque impuissante. Il fait un soleil magnifique à Marseille, au Darfour et ailleurs, sur les lieux d’ exodes, ce soleil doit être magnifiquement terrifiant, là bas, ajoutés sur la misère des éxilés de ces guerres, le soleil et la pluie deviennent des catastrophes. Le génocide, comment se représenter cette ignominie, avec la pluie froide, avec le soleil trop brûlant? Les deux grands dessins que j’ai vu ce matin (la guerre des sexes et l' autre) regardés dans le contexte de cette lecture d'actualité, me laissent entrevoir un autre axe de compréhension, d’une image on fait souvent une extrapolation, la mienne serait de ressentir encore plus fort cette violence qui est faite aux autres; peut être que l' art sert aussi à cela? Quand je vais au spectacle et que de temps à autre mes pensées s'envolent, alors je me dis que ce spectacle est vraiment bon. Il n'y avait personne ce matin dans la galerie, ça fait contraste avec les rues bien pleines, les magasins bien pleins, les cafés aussi. l' art n' est pas bien plein et l' artiste y joue un rôle bien difficile, il navigue entre ses émotions et le marketing. Entre ses convictions et la place (petite) qu' il doit tenir. S' il dénonce c' est comme les ambulances (les sirènes) malgré lui c' est pour rassurer les autres, toujours de biais, pas frontal, c'est le rôle qui lui est assigné, chacun son job. Survivre, pour un artiste, c' est peut être vendre, mais c' est surtout se montrer au public, sans ça il n'y a rien, pas d' artiste. Cet artiste sans public est anonyme, l'artiste reconnu l'est-il moins? et ne serait-il qu'un fou du roi? Aurait-il une voix, serait-elle audible? choisit-il l'angle de vue? On doit réfléchir à cela.. car pendant l'exposition, la guerre continue. Jacques
Bonnot, 23 Juin 2004. PS: sur le Darfour [lire Jeune Afrique] et galerie Gérard Pailhas, 22 quai Rive Neuve, Marseille 7
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